Prêtre : ÉLOI GIARD 1841-2024 La première église Le 20 novembre 1836, les tenanciers de la nouvelle paroisse demandent  aux autorités ecclésiastiques de déterminer une place pour y élever  une église, ainsi qu’un emplacement pour y ériger un cimetière.  On était prêt à édifier une bâtisse dont le bas servirait de chapelle, et le haut,  de presbytère.  Les dimensions et les matériaux  en sont déterminés par le député de l’évêque, le curé Mignault de Chambly : 65 pieds par 40 pieds et en pierres.  Le commissaire désigne, par une croix plantée à cet effet, le terrain où sera édifié le premier édifice curial : sur un terrain appartenant à l’honorable juge Rolland tenant en front au chemin du roi de la montagne Sainte-Thérèse, terrain qui sera entouré pour servir de cimetière. On y bâtira un presbytère qui servira de chapelle.  Ce terrain, selon l’avis de l’abbé Allaire, est le cimetière actuel dans le rang de la montagne.  Au dire du député, c’est le lieu qui offre le plus d’avantagesous tous les rapports.  Il conclut, toutefois, en précisant que le capitaine Pierre Séguin de Sainte-Marie et plusieurs autres personnes (moindre nombre que les pétitionnaires, toutefois) s’opposent à ce que le presbytère-chapelle soit bâti à l’endroit déterminé parce qu’il n’est pas assez central. Et, l’opposition recommence. Le seigneur offrait gratuitement, à l’endroit  ou vis-à-vis, une étendue de 6 arpents superficiels pour l’établissement religieux. Il s’offrait même à fournir sa quote-part pour la répartition.   Il était prêt à fournir, à même son domaine,  la pierre et le sable nécessaires à la construction.  Il aurait été disposé à faire davantage si les autorités avaient décidé de construire, non pas un “simple” presbytère-chapelle, mais bel et bien une véritable église.  Malgré la générosité du seigneur, les gens boudèrent pendant trois ans et rien ne se fit. On bouda même le patron de la paroisse, saint Raymond Nonnat.  On ne savait rien de lui, on ne pouvait pratiquer ses vertus. Tout était sujet au mécontentement.  Aussi, le 7 juin 1818, Mgr Lartigue, dans l’espoir de les apaiser, leur donna un nouveau patron: saint Grégoire le Grand, l’un des plus illustres protecteurs du ciel, pape, docteur et thaumaturge ... Ce nouveau patron allait-il répondre aux aspirations des gens de la place qui voyaient “grands”? Nouvelles requêtes, nouveau député, nouveaux procès-verbaux, etc. Les quelque 1 000 à 1 200 communiants d’outre-montagne, déjà très peu fervents, se refroidissaient vite dans leur pratique religieuse : pas d’église là où ils la voulaient, pas de pratique religieuse.  Ils finirent par avoir gain de cause. En remettant à Mgr Bourget, le 17 mars 1841, leur ultime demande, appuyée par 166 tenanciers, ils avaient même souscrit la somme de 894,00 $ pour défrayer les prochaines dépenses.   Le curé Lafrance, de Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville, nouveau délégué de l’évêque, reçut une directive assez spéciale:  ne pas déterminer trop spacieuse la maison qui servirait d’abord temporairement de chapelle et de presbytère, puis de presbytère uniquement: ne pas bâtir un édifice trop grand parce qu’il serait par la suite très coûteux pour l’entretien, et que, ne pouvant suffire aux besoins pendant bien des années, les gens ne se presseront pas de bâtir une “véritable “ église. Le 21 mars 1841, l’emplacement de la future église est enfin fixé: sur un lot de 8 arpents en superficie, donnés pour un quart par François Loiselle (où s’élève actuellement la première église qui servit d’école, par la suite), puis 22 perches de front par 9, tout à côté par Antoine Bouteille dit Bonneville et enfin, le reste, en face, par Adrien Giroux (4 arpents) où, de nos jours, se trouvent l’église et le presbytère.  Le curé Girouard, desservant,  les sieurs Amable Jetté, Michel Duclos, Louis Chartier et Jacques Métras, syndics élus à cette fin, acceptant la donation au profit de la paroisse; ceci se passait le 3 juillet 1841. Le même jour, on confia à Augustin Guertin, cultivateur et maître-menuisier de Saint- Grégoire, le contrat de construction d’une “bâtisse destinée au culte divin; il aura à construire un presbytère en pierre de 70 par 40 pieds et 19 pieds de hauteur d’une pierre à l’autre. Les pignons auront 17 pieds de haut à compter du carré.  Les syndics fourniront : pierre, bois de charpente, sable; la chaux, fournie par l’entrepreneur, sera transportée aux frais de la paroisse.  De plus, l’entrepreneur paiera aussi les traverses.” Ce marché fut conclu au coût de 5 982 Livres.  On stipule que le presbytère doit être livré à la Toussaint et les planchers à Noel.  Anecdote Un fait curieux est à signaler concernant la cheminée centrale de cet édifice.  Au lieu de monter tout-à-fait droit, elle bifurque et forme un angle assez prononcé pour revenir à la verticale.  Ne servant plus depuis nombre d’années et risquant de s’écrouler, elle fut démolie le 19 septembre 1981. Le cimetière À sa visite pastorale des 6,7 et 8 juin 1899, l’évêque avait constaté que le cimetière était dans un état à faire douter et qu’il devait être amélioré de manière à y inhumer conformément aux exigences de la loi.  Aussi, il recommandait de ne pas y faire de nouveaux exhaussements de terrains, avant d’en avoir préalablement obtenu la permission du bureau provincial d’hygiène. Conséquemment, on avait pensé, en septembre suivant, à choisir un nouvel emplacement pour y relocaliser le cimetière.  Le 17, le bureau d’hygiène recommande la fermeture le plus tôt possible du cimetière à toute inhumation.  Dès lors, à la même date, des terrains appartenants aux nommés Godfroid Normandin, Michel Monast, Édouard Dextraze, Alphée Tétreault et Salomon Bessette, sont proposés comme site du futur cimetière.  Et, à ce moment, la mésentente débute. Isaie Poulin et Norbert Choquette proposent, le 1er octobre 1899, que toutes les recommandations touchant l’acquisition d’un nouveau cimetière soient révoquées et rétractées.  Il y a eu vote et c’est accepté.  Ce que l’on veut, c’est que le choix du futur emplacement soit fait selon le goût de la majorité de la paroisse.  C’est rejeté.  Certains francs-tenanciers allèrent jusqu’à menacer d’intenter un procès pour régler le différend. Mgr Moreau donne, le 6 octobre 1899, avis et décret condamnant le cimetière de la paroisse et oblige les francs-tenanciers à en établir un nouveau par une répartition légale.  Puis, 19 jours plus tard, 136 paroissiens font amende honorable et proteste  à Mgr L’Évêque de Saint-Hyacinthe. En octobre 1900, une nouvelle requête est présentée pour le cimetière.  On en vient à acheter des terrains appartenant à Godfroy  Normandin et aux héritiers Poulain (les lots 320 et 323 du cadastre officiel). On est disposé à payer un maximum de 500 $ pour les terrains.  En mai 1901, on procède à l’établissement et à la règlementation du nouveau cimetière lequel est bénit le 2 septembre de la même année.  Puis, en 1906, on exhume les corps de l’ancien cimetière et on les transporte dans le nouveau, alors qu’on fait l’ennevellement de tout le terrain (vieux cimetière) en faisant étendre partout et également de la terre rapportée. Le chroniqueur paroissial rapportait dans le journal de Saint-Jean, le Canada-Français, dans son édition du 18 septembre 1908, que “c’est avec regret que les paroissiens de Saint-Grégoire voyaient arriver le moment du départ de leur dévoué curé, qui depuis plus de 12 ans avait dirigé la paroisse avec tant de sollicitude”. Ses dernières paroles : Que je souffre, mon Dieu, mon Dieu  ... Voici le grain ... .